lundi, 04 mai 2020 10:07

Le phénomène du Coronavirus: un temps propice pour favoriser les relations humaines

L’histoire du monde présent est marquée par le phénomène actuel du Covid-19. Une pandémie que nous pouvons appeler ‘un ennemi invisible’ qui a fait de nombreuses victimes et provoquée une grande souffrance au niveau mondial. Cela a porté les autorités et les scientifiques à sensibiliser les peuples de tous les continents à respecter l’ordre de « rester à la maison ». Ce phénomène met en évidence les conséquences de l’isolement social exigé par la quarantaine imposée dans les différents pays. Cet ordre est une réalité assez exigeante pour l’essence humaine qui est ‘la relation sociale par excellence’. Nous sommes dans une ère où les relations sociales dans de nombreux domaines (travail, éducation, liturgie, famille) faites de vis-à-vis, sont vécues sous une nouvelle forme, jusqu’aux moments de célébration de l’Eucharistie, déterminée principalement par les moyens de communication virtuelle. A partir de cette perspective, des questions se posent telles que : Quelles interpellations le Covid-19 génère-t-il pour renforcer les relations humaines dans le monde ? Ce phénomène peut-il porter à une crise de la foi ? Comment l’Eucharistie nous invite-t-elle à miser sur la promotion humaine à la lumière de cette pandémie ?

Ce temps de crise interpelle l’être humain à partir à la recherche du sens de don existence à partir d’une logique d’altérité. Stay home Saves lives - rester à la maison implique de sauver des vies. Il s’agit d’une dynamique de créativité, de nouvelles perspectives, de nouvelles visions, qui s’appuie à l’art de la coexistence et de la fraternité dans le but de surmonter les moments d’angoisse, de tension et de fragilité humaine.

Le temps du Covid-19 trace un cheminement dans le désert pour l’histoire actuelle du XXIème siècle, qui se caractérise par l’angoisse, le manque de sécurité, la panique entre autres. Ces situations traumatiques pourraient, sans doute, porter à des questions sur l’existence de Dieu et ses attributions. Comme la question qu’un ami m’a posée : Pourquoi Dieu tout puissant a laissé le coronavirus dépasser les capacités des scientifiques et du personnel sanitaire pour arriver à la mort de tant de personnes dans le monde ?

La réponse est que le Covid-19 n’est pas la première pandémie dans l’histoire de l’humanité. Par exemple, la pandémie de la grippe en 1968 a provoqué la mort de plus d’un million de personnes dans le monde. Dans sa relation avec l’être humain, Dieu lui concède quand même la grâce d’agir en faveur de la vie. Ainsi l’intelligence porte à s’interroger sur les liens, ou plutôt la relation non seulement entre les êtres humains mais aussi entre eux et leur environnement. De là, on voit l’importance de l’appel du Pape François dans sa lettre encyclique Laudato Si par rapport à la nécessité de porter une attention particulière à la maison commune en approfondissant toujours plus le sens de l’écologie intégrale à partir de la perspective relationnelle de l’homme. Ce moment pourrait être l’occasion de générer de nouvelles personnes, un nouveau monde et de nouvelles relations avec la nature.

Le Covid-19, même s’il peut porter à des interrogations de nature diverse sur la réalité de la foi, ne peut pas porter à la crise de cette foi ni à une crise de l’Eglise. Au contraire, c’est un temps théophanique du fait que, dans un moment de traumatisme, de douleur et de souffrance, il y a un appel de Dieu à partir de la conception théologique d’Israël (Ex 3,7-8). En ce sens, l’itinéraire de Jésus montre que la prière est la garantie de la foi, le religieux SSS dirait que cela fait partie de sa mission congrégationnelle (cf. Mt 4,1ss). De fait, le temps de cette pandémie demande de renforcer la dimension spirituelle à travers la dynamique de prière, qui est une manière de rester en communion avec les victimes. Il me vient à l’esprit une supplique du Psaume 17 : « Je t'invoque, car tu m'exauces, ô Dieu! Incline vers moi ton oreille, écoute ma parole! » (Ps 17,6).

L’isolement social que nous vivons en ce moment n’est pas provoqué par une exclusion due au statut, à la classe sociale entre riches et pauvres, mais par l’exigence d’une crise qui nous pousse à réfléchir sur le sens de l’altérité et de la communion avec les autres dans la tentative de sauver des vies. Peut-on dire que c’est un moment d’épreuve de la foi dans le mystère du Christ qui par ses souffrances a assumé l’histoire de toute l’humanité ? Oui, sa victoire s’est concrétisée au moment final toujours dans la croyance en Dieu pour la vie.

Une position de l’anthropologie théologique se réfère au sens de la relation de l’homme (relation avec Dieu, avec la nature et avec les autres). Elle met en évidence le sens de l’altérité comme une dimension humaine fondamentale. « Rester à la maison » exprime le manque concret des moments festifs de la vie, en particulier le sacrement « source et sommet » de l’Eglise, l’Eucharistie. C’est ainsi que les moyens de communications virtuels reflètent l’importance de la technologie jusque dans la dynamique de célébration des mystères de la foi chrétienne.

A partir de la sensibilisation auprès de tous ceux qui travaillent pour une véritable promotion humaine (RV 37), l’Eucharistie nous interpelle en tant que religieux SSS à discerner et réfléchir, dans les moments opportuns, sur l’art de la coexistence fraternelle, pour renforcer les relations humaines fondamentales à travers la compassion, l’égalité et l’amour, comme les protagonistes de la santé qui prennent des risques et s’engagent totalement pour arriver à sauver la vie des personnes contaminées.

En dernière instance, le phénomène du Covid-19 nous interroge tous et nous montre que nous sommes tous dans le même bateau (pauvres, riches, classe moyenne). Dans cette logique, les leaders mondiaux respirent un nouvel air au-delà des grandes préoccupations visant à faire prospérer l’économie comme summum de la vie. On découvre un nouveau sens qui émerge de cette pandémie. C’est donc « l’économie humaine » qui doit prospérer, entendue comme une logique d’harmonie, une recherche du bien commun et des relations authentiques qui favorisent la vie à travers le monde.

Le monde entier est en guerre contre cet ennemi invisible mais pas invincible. Ainsi, pendant que le personnel sanitaire et les scientifiques luttent pour sauver des vies, l’Eglise doit s’agenouiller pour les soutenir, et implorer la grâce de Dieu pour que tous ensemble nous arrivions à la victoire.

Bogota, 6 avril 2020

Frère Elibien Joseph, sss
Scolastique en 4e année