vendredi, 20 novembre 2020 10:19

Un missionnaire au Sénégal

Nous sommes dans une période critique de pandémie, et malgré tout j’ai réussi à prendre des vacances pour me reposer un peu. Les contacts personnels sont réduits mais je peux écrire avec l’ordinateur. Je suis en Afrique, plus précisément au Sénégal, depuis 1981, et ici l’Église grandit au milieu d’une population musulmane à 90%. Grâce à Dieu nous vivons en paix et nous essayons d’être le levain dans cette masse. Notre Congrégation du Saint Sacrement ouvre cette année deux nouvelles communautés : l’une en Guinée Bissau et l’autre à Gandiaye, dans le diocèse de Kaolack où l’un de nos confrères, Père Martin Tine, a récemment été nommé évêque.

En Afrique le nombre de chrétiens augmente et il y a aussi de nombreuses vocations à la vie sacerdotale et religieuse. Quand je suis arrivé au Sénégal, nous avions seulement un religieux SSS, maintenant nous sommes une trentaine et nous ne sommes que deux religieux italiens. Rendons grâce à Dieu qui fait entendre sa voix sur tous les continents, afin que nous puissions marcher à la lumière de sa Parole et renforcés par le Pain de Vie. À partir de cette année, du fait que le nombre de religieux diminue en Italie, nos religieux de l’Afrique animeront aussi notre paroisse des Sts Martyrs Canadiens à Rome. Nous étions partis pour aller en Afrique, maintenant les africains viennent à notre aide. Espérons que cet échange de dons sera fructueux.

Ouvrir de nouvelles paroisses parmi les gens pauvres, nous permet de constater que Dieu met en œuvre des merveilles parmi ces gens. À ce propos j’ai une histoire à vous raconter. Dans notre mission de Marsassoum de nombreux jeunes, provenant de différents villages, venaient fréquenter le collège. Deux d’entre eux nous demandèrent d’aller dans leur village de Kikiako, à une distance de 30 km, parce que leurs familles auraient pu devenir chrétiennes. Nous nous décidâmes à y aller en voiture, deux prêtres et deux jeunes. La piste était presque impraticable. Une fois arrivés, nous avons essayé de nous présenter : les jeunes traduisaient dans leur langue, mais personne ne comprenait qui nous étions. Il y a beaucoup de passage dans les villages : protestants, membres de sectes, de ONG, … mais nous qui sommes-nous ? N’ayant plus d’explications à donner, moi-même et mon confrère sénégalais Père Yves, nous nous sommes assis, pensifs. Une inspiration me vint à l’esprit, je me levai et dis : Nous sommes l’Église de Jean-Paul II. Immédiatement tous se sont levés pleins d’enthousiasme et nous dirent : c’est cette Église là que nous voulons ; c’est ça la véritable Église. Quelques années auparavant, Jean-Paul II avait fait une visite au Sénégal et tout le monde, à travers les radios locales, étaient au courant. Nous leur avons donc annoncé que nous allions commencer le catéchuménat de trois ans pour devenir chrétiens. Pour commencer nous avons fait le signe de la croix : tous le firent avec beaucoup de respect, même s’ils n’en connaissent pas encore le sens. Voyez comme ces gens ont besoin de connaître Dieu, qui est un Père débordant de miséricorde envers tous. Le long de ces pistes, après trois ans de route le châssis de la voiture s’est cassé en deux et nous avons besoin de moyens de déplacement : bicyclettes, moto et voitures pour continuer.

Certains d’entre nous parcourent de longues distances pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, d’autres, surtout dans la ville de Dakar, se consacrent au ministère de la prière, de l’écoute, à disposition pour le sacrement de la Confession. Nos églises sont toujours ouvertes et sont un lieu où rencontrer le Seigneur dans l’adoration au Saint Sacrement et recevoir consolation et paix. Il y a beaucoup de jeunes universitaires de différents pays africains francophones : ils viennent souvent à l’église, pour se rencontrer et prier. L’un d’entre eux, à la fin de ses études, avant de rentrer dans son pays au Gabon, est venu me saluer et il m’a dit : je regrette vraiment de quitter cette Église, dans ma vie je ne rencontrerai plus une Église comme celle-ci, toujours ouverte, avec des prêtres toujours disponibles à l’accueil. Il est rentré dans son pays, chez lui, mais il n’oubliera jamais l’expérience de sa rencontre avec le Seigneur durant ses études à Dakar.

Je vous invite tous à collaborer à cette œuvre d’évangélisation afin que les jeunes, tellement nombreux en Afrique, se préparent à vivre et à promouvoir une vie plus digne dans leur pays. Dans ce monde, secoué par l’injustice et l’égoïsme, nous prions afin que règne l’amour et la joie que le Seigneur ressuscité veut donner à tous les peuples.

Au nom de mes confrères je vous remercie tous ceux qui nous soutiennent dans cette œuvre d’évangélisation et de formation de religieux. Comme vous le savez, envoyer les jeunes à l’école pendant plusieurs années, pour qu’ils reçoivent une bonne formation, a un coût.

Pour inscrire un jeune séminariste à l’école de philosophie et théologie, le coût pour une année est de 950 euros. Cette école, où j’enseigne moi aussi, s’appelle Centre Saint Augustin. Nous avons en moyenne 7-8 étudiants pour les 3 années de philosophie. Les repas et le logement de nos aspirants sont à la charge de nos deux paroisses de Dakar.

13 octobre 2020

Père Alessandro Bianchin, sss
Supérieur, Dakar-St Joseph de Médina

Dernière modification le vendredi, 20 novembre 2020 11:11