vendredi, 11 juin 2021 10:19

Rép. Dém. Congo: Implications communautaires de « Fratelli Tutti »

Publiée le 03/10/2020, l’encyclique « Fratelli Tutti » Tous frères du Pape François se veut être à la fois une interpellation et une recommandation pour bâtir des communautés religieuses plus fraternelles et plus humaines. Le pape dans cette encyclique jette quelques jalons qui doivent aider les frères et les sœurs qui vivent dans une même communauté à se considérer réellement comme des Frères. Inspiré des Admonitions de François d’Assise, le souverain pontife appelle tous les hommes, en particulier les consacrés à témoigner de la vraie fraternité dans leur com-munauté, à faire de nos communautés le lieu où se vit réellement l’Évangile.

Le pape François considère cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux simples mots.

Le pape formule le vœu que nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensembles : « Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble ! Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les rêves se construisent ensemble . Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères ».

Mais qu’est-ce que nous entendons par com-munauté religieuse ?

La communauté religieuse est constituée de person-nes que l’appel de Dieu a réunies et qui vivent en communauté dans une interdépendance profonde. Composée des célibataires de même sexe, elle est un lieu de perception, d’acceptation et d’actualisation de soi et de l’autre. C’est un lieu d’épanouissement. Un lieu également d’amour fraternel dont les qualités majeures sont la gratuité, l’universalité et la misé-ricorde.

Une communauté religieuse diffère de tout autre rassemblement matériel ou de la simple collectivité. Dans la communauté religieuse, les êtres humains vivent les uns auprès des autres, sans se choisir. Les gens qui vivent dans une communauté ne sont pas comme de inconnus qui font un voyage en métro. Malgré la grande proximité physique, chacun est seul, inconnu des autres et même presque inexistant pour eux (présence de proximité et pas d’esprit).

Dans la communauté, c’est la personne humaine qui est importante (et le Pape parle du respect de la dignité humaine), car sans elle, on ne peut en aucun cas parler d’une communauté.

Communauté, lieu d’amour fraternel

Étant un lieu de relations vraies, la communauté religieuse est par là même un lieu d’amour, puisque l’amour est relation intersubjective.

L’amour de Dieu pour les hommes est essentiellement gratuit. « Dieu donne par pure bienveillance, sans qu’aucune nécessité l’y contraigne, sans qu’aucune obligation l’y incite, sans que s’impose à lui une exigence de la part de celui qui reçoit ». La gratuité n’est pas accidentelle à l’amour de Dieu, mais son essence même. Or Jésus demande à ses disciples d’aimer comme le père aime, d’aller jusqu’à donner leur vie pour leurs ennemis. Voilà ce que les religieux se proposent de vivre.

Il existe en communauté religieuse des mutismes violents, des regards violents, des éloignements violents, des refus violents, des paroles violentes. Et cette violence à moins d’être contrée par le pardon, engendre la violence. On tire son arme pour répondre à qui l’a tirée. La victoire d’une violence sur une autre produit la destruction et les ruines de la communauté. L’unique façon évangélique de vaincre la violence dans nos communautés est l’usage de la non-violence qui inclut le pardon.

Communauté, lieu de la rencontre de l’autre dif-férent de moi-même

L’autre qui surgit dans mon univers n’est pas un objet, un ennemi moins encore une chose que je peux manipuler, utiliser, posséder voire supprimer comme bon me semble. Face à l’autre qui surgit dans mon univers, quelle est la vision ou l’option anthropologique qui m’anime fondamentalement ?

Face à l’autre pris pour un objet, plusieurs attitudes négatives sont possibles:

  1. L’indifférence : consiste à vouloir ignorer la pré-sence de l’autre qui s’impose à moi comme une réalité indéniable.
  2. La dépréciation : qui se caractérise par l’attitude de minimiser l’autre, minimiser ce qu’il fait. La caracté-ristique de cette attitude est qu’on cherche à ce que l’autre n’ait pas d’importance à mes yeux ou on le reconnaisse pas. Cette attitude se matérialise de façon concrète dans le mépris de l’autre.
  3. Le dénigrement : non seulement qu’on cherche à minimiser l’autre, mais on veut que d’autres personnes également éprouvent ce sentiment de mépris à son égard. Cette attitude à deux ferventes servantes: la calomnie et la jalousie.
  4. La négation de l’autre, les préjugés, le complexe.

Toutes ces attitudes négatives, ne favorisent pas une vraie fraternité. C’est pourquoi le Pape nous interpelle vivement et attire notre attention. Les frères qui vivent ensemble doivent se considérer “réellement” comme des frères évitant les préjugés, le sadisme, la haine, les coups bas, les calomnies contre les confrères.

8 avril 2021

Père Francis Mwanza, sss
Recteur du Postulat à Mont Ngafula

Dernière modification le vendredi, 11 juin 2021 10:23