vendredi, 24 décembre 2021 11:13

HISTOIRE: Fondation de la Congrégation à La Havane, Cuba

« La Havane manque d'Histoire (...) les plus anciens inventent une autre histoire, mensongère, comme il se doit (...) entre La Havane-qui-n'existe-pas et La Havane-paradis-perdu. »

Abilio Estévez

 

La révolution en marche - Nous nous rendions volontiers le soir, après le dîner, à la terrasse de la chapelle pour nous rafraîchir un peu et commenter les événements de la révolution. Ceux-ci ont commencé à acquérir un intérêt et une préoccupation particuliers en raison de l’évidente tournure communiste que prenait la révolution, en particulier après la tentative infructueuse d'envahir Bahia Cochinos. Le Père Martín Gorostidi était chargé d'animer les rencontres avec les nouvelles, qui n’échappaient pas à son inspiration pour Jesús de Miramar qu'il partageait avec les Pères Capucins. Bientôt le Père Manuel Oyarbide quitta La Havane et se rendit à Madrid, Sainz de Baranda (1961).

Les miliciens dans la maison - Cet évènement s'est produit, lorsqu'un jour, à minuit, un groupe de miliciens a frappé avec force à la porte de la maison. Je me suis réveillé et, non sans peur, je suis sorti pour venir à leur rencontre. Je ne fus pas à l'abri d'une fouille discrète et l’on m'interrogea sur le personnel qui était à la maison ce soir-là. Le tout avec une grande sérénité. Je leur répondis qu'en cette période il y avait deux autres religieux qui dormaient. Ils leur ordonnèrent de quitter leurs chambres et ils nous enfermèrent tous les trois dans une pièce, avec la menace de nous tirer dessus si nous essayions de partir. Nous étions tous les trois: le Père Gorostidi, le Frère Vicente Urquía et le soussigné Père Gregorio. Ce jour-là, le Père Segundo Urquía et le Père Ignacio María Eguibar furent détenus dans leurs aumôneries respectives. Pour cette raison, ils n'étaient pas à la maison ce soir-là.

Pendant que les trois religieux étaient retenus dans une pièce, les miliciens fouillèrent la maison à leur guise et entrèrent librement dans la chapelle. Ils ouvrirent même la porte du tabernacle, pensant qu'ils pouvaient y trouver quelque chose qui aurait pu nous compromettre. Des armes, par exemple. Après n’avoir rien trouvé qui puisse nous compromettre, ils nous relâchèrent à l'intérieur de la maison et de l'église, bien que sous leur surveillance. Bien sûr, le traitement qu'ils nous ont réservé était basé sur la confiance et le respect. Ils nous ont permis d'ouvrir l'Église pour que les fidèles puissent participer à l'Eucharistie et ils nous ont permis d'utiliser la cuisine et la table en toute liberté. En d'autres termes, les miliciens n'étaient pas un obstacle à notre vie communautaire normale. Quelques jours plus tard, les deux pères absents revinrent à la communauté: le père Segundo Urquía et le père Ignacio María Eguibar. Ceux-là mêmes qui décidèrent de quitter Cuba.

À suivre…

Père Gregorio Urquiola, sss
Bogotá, Colombie, NOTIBIP 74 - Octobre 2021

Dernière modification le vendredi, 24 décembre 2021 11:17